Info modo : cette discussion a été séparée depuis autre topic).


Puisque j'imagine que le public du forum donne des cours de cinéma, je pose cette question de workflow un peu générale : quelle est votre méthode de découpe, d'encodage et de projection de vos supports vidéo ?

La question se base sur le principe qu'aujourd'hui, on ne va plus donner cours avec des disques, mais également sur celui qu'on ne part pas avec un disque dur rempli de films, uniquement les extraits dont on a besoin. Pour ma part j'en suis venu à une méthode assez précise :

  • Première étape : disposer d'un fichier (rip ou téléchargement donc).
  • Découper le fichier avec Shutter Encoder (open source), qui dispose d'une fonction "coupe sans compression". Cette fonction change le point d'entrée et de sortie de votre vidéo, et réencapsule le tout. C'est comme si vous copiez le fichier en supprimant la majorité du film. On conserve toutes les pistes audio et les pistes de sous-titres dans le cas d'un wrapper multiple type MKV, le fichier obtenu est souvent très léger et arrive rapidement, sans recompression. Pas de perte de qualité donc, mais un hic : la coupe se fait uniquement sur les images clefs. Parfois ça tombe bien, parfois non.
  • Si ça tombe mal, si le codec fait des siennes ou si j'ai besoin de figer ou de modifier le fichier (changement de montage, ajout de sous-titres, de titres, de commentaires, etc.), je passe sur Adobe Premiere Pro (payant mais Da Vinci Resolve peut faire l'affaire). Pour récupérer tous les flux, je suis parfois contraint de bidouiller via Avidemux (open source), mais puisque je repasse de toutes façons par une couche de compression, une couche intermédiaire dans un format sans trop de perte n'est pas un problème. Je sors au final un H265 le plus propre possible sans qu'il ne vienne trop alourdir mon dossier de cours.
  • Dernière étape : la projection. On projette rarement un seul extrait en cours, et je me suis toujours entêté à imposer un écran noir entre les extraits, en évitant à tout prix d'afficher le bureau ou toute autre interface qui rappelle qu'on est sur un ordinateur. Je vise le "comme au cinéma". Pour ça je configure donc VLC (open source) en désactivant tout affichage parasite (le play/pause, le changement de volume, le fameux titre du fichier incrusté "l.aurore.murnau.1927.sequence.barque.h265.kikouxX92Xxrip.mp4", etc.). Je crée ma playlist en arrangeant les fichiers dans l'ordre du cours, et je profite de tous les raccourcis VLC pour faire mon orchestration à la carte en recopie d'écran.

Cette méthode permet d'alléger considérablement mes dossiers de cours (et donc de les sauvegarder facilement sur plusieurs supports, dont des clefs USB) et d'avoir chaque extrait tout prêt à être lu au moment exact où j'en ai besoin sans aucune autre intervention de ma part qu'un appui sur la touche espace. Tranquillité d'esprit dans tous les domaines.

  • Tom a répondu à ça.

    Ardalion Ha bah ça fait un topic en soi ton message, allez c'est ma tournée j'en profite ! (je suis le splitter fou, faudra pas hésiter à m'arrêter quand je transformerai chacun de vos nouveaux messages en topic séparé).


    Je ne fais plus cours depuis deux ans, mais ce dont tu parles est un sujet auquel j'ai été immédiatement sensible, d'une parce que mes cours étaient truffés d'extraits (et même souvent basés dessus), et surtout parce que j'avais l'impression que projeter des extraits de mauvaise qualité aurait pour conséquence d'enterrer les films anciens (ou film indés, ou étrangers...) dans l'image de vieillerie. Ça met un filtre, en quelque sorte, qui confirme les a-priori que les élèves peuvent avoir.

    Du coup, au-delà de pouvoir sauter rapidement d'un extrait à l'autre, avoir la meilleure qualité possible pour chaque extrait (qualité d'une copie restaurée, et qualité de compression) a assez tôt été une priorité. Avec un besoin constant : éviter à tout prix de recompresser les fichiers d'origine.

    Ce qui donne, comme options :

    • DVDshrink si je prends mon extrait depuis un DVD : ça permet de ne pas avoir à le recompresser, de garder le flux vidéo intact, et de conserver les sous-titres. Le défaut, c'est que ça crée un dossier entier (avec la structure DVD habituelle à l'intérieur : VIDEO_TS, etc), donc ça implique de glisser le dossier dans le lecteur, ou de faire un raccourci vers le fichier VIDEO_TS.IFO (le problème étant que les raccourcis sous windows sont absolus, et non relatifs, donc ça pose problème quand on utilise un disque dur externe pour ses extraits).

    • Toujours pour les DVD, une solution alternative serait d'utiliser le génial petit logiciel VOB2Mpeg pour convertir le DVD en flux Mpeg2 (là encore sans recompresser). On peut alors découper l'extrait a priori (avec DVDshrink) ou a posteriori (avec AviDemux, là encore sans recompresser). Immense souci de cette méthode : les sous-titres DVD disparaissent dans l'opération (ou passent mal), et les récupérer est long et compliqué. Avantage : on finit avec un fichier unique.

    • J'en protite d'ailleurs pour insérer une petite note : si vous habitez à Paris, vous avez accès à quasiment l'intégralité de l'édition DVD patrimoine française, tant il y a de médiathèques (auquel il faut rajouter les fonds des médiathèques spécialisées). Et la qualité est parfois meilleure que sur des fichiers HD trop compressés trouvés sur le net.

    • Pour les extraits tirés de fichiers vidéos (téléchargés, donc), le plus simple reste pour moi d'utiliser Mkvmerge/Mkvtoolnix, qui permet en un seul outil et rapidement de couper un TC de début ou de fin, et de gérer les sous-titres, là encore sans recompresser. C'est vraiment le plus simple.

    • Pour les très rares cas d'extraits tirés de blu-rays (ou de flux blu-ray), je ré-encode un extrait H264 en haute qualité avec Handbrake, avec des débits hauts et des calculs lents.

    • Pour le logiciel de lecture, je ne suis pas fan de VLC, qui n'est pas très fluide d'utilisation (par exemple pour avancer image par image, ce genre de choses). J'utilise Media Player Classic HC, que je configure à ma sauce. Le souci, c'est qu'il faut un PC pour le faire tourner, et pour éviter les mauvaises surprises, je ramène un ordi portable où tout est prêt. En cas de problème avec le portable, j'ai les extraits sur disque dur et j'utiliser le VLC de la machine où je suis, même si effectivement ça demande une configuration rapide (enlever l'OSD oui, notamment).

    • Pour la présentation, je ne fais pas les mêmes efforts que toi : le vidéoproj affiche simplement mon bureau (le dossier correspondant au cours, où sont réunis les fichiers que je vais utiliser). Ça ne me gêne pas outre-mesure, parce que je jongle constamment entre des images, des graphiques, des textes, des PDF – et surtout parce qu'il peut m'arriver parfois, au gré d'une question d'élève ou d'une discussion, d'aller vers un extrait non prévu (j'ai une banque de données d'extraits sur un disque dur externe que je trimballe à chaque cours). Ce n'est pas très "propre" à l'affichage, mais je préfère ça à être un peu bloqué par une progression linéaire prévue d'avance. Puis les élèves s'amusent à repérer le nom des extraits qu'ils vont avoir dans l'heure à venir dès le début du cours !

    Voici grosso-modo pour le modus-operandi, que je garderais globalement semblable j'imagine, même si j'aimerais trouver un moyen rapide de garder les flux DVD sans recompression avec leurs sous-titres, en un seul fichier. Ce serait possible si un logiciel comme Handbrake permettait de calculer un fichier en configurant le flux vidéo sur intouché / "passthrough" (puisque pour le reste il sait conserver les sous-titres DVD, ainsi que découper un extrait à TC précis), mais ce n'est malheureusement pas encore le cas.



    Mais en fait, des collègues que j'ai croisés ou avec qui j'ai discuté, il y a pas mal de profs qui utilisent encore des DVD (mettre le DVD, chercher la scène...), soit parce que leurs cours ne sont pas vraiment fondés sur la projection d'extrait, et plus souvent parce qu'ils n'ont pas la maîtrise des logiciels dont tu parles ici. Et pas mal d'autres se contentent de fichiers vidéos très légers (donc de très mauvaise qualité, surtout qu'il vont chaque fois chercher le 1080p), fichier film qu'ils amènent entier, ou qu'ils découpent en recompressant encore derrière...

      Tom Je vais finir par croire que je ne poste jamais au bon endroit ! J'ai même eu une notification négative, je ne pensais pas que c'était possible.

      Ta méthode me semble efficace, et tu as parfaitement résumé mon objectif principal, que je n'avais même pas pensé formuler : proposer des extraits qui en jettent le plus niveau qualité pour éviter la surcouche de distance entre étudiants et extraits. Sache que je me suis moi aussi heurté à la question des sous-titres qui disparaissent au milieu d'un transfert. Dans la majorité de ces cas j'ai aussi dû choisir le codage en dur. Avidemux est très bien pour ça : tu peux adjoindre à ton encodage un fichier de sous-titres externe et le recaler si, comme souvent quand tu vas le piocher sur des sites spécialisés, il n'est pas synchro. Ça demande du temps, mais une fois que c'est fait, tout est propre et définitif.

      Je te rejoins sur la nécessité d'être souple en plein cours et je ne me ferme jamais à cette possibilité. Ma liste de lecture est toujours infiniment plus longue que le cours et je peux sauter les extraits si nécessaire, mais ma priorité sera toujours au masquage du dispositif.

      • Tom a répondu à ça.

        Ardalion Je vais finir par croire que je ne poste jamais au bon endroit !

        Ouhla non, c'est juste moi qui suis taré... Enfin là pour le coup ça se justifie bien, puisque ton message entier était sur un nouveau sujet, qui est légitime à avoir son topic, donc la séparation se fait de manière logique. Mais le topic h264 fait de plusieurs conversation en cours, ça crée un résultat Frankenstein peu ragoûtant. Dans ces cas-là, il vaut sans doute mieux ouvrir un sujet en quotant les messages originaux ayant donné envie d'ouvrir un nouvelle discussion, et laisser les topics initiaux tranquille.

        Je vais essayer de trouver le juste milieu entre mes névroses de rangement et laisser les conversation vivre un peu !


        Ardalion J'ai même eu une notification négative, je ne pensais pas que c'était possible.

        Les notifications sont un peu mystérieuses sur flarum, oui... J'ai capté que la notification est orange si on a directement cité ton nom (comme au début de ton message). La notification grise, j'imagine que c'est s'il y a un nouveau message dans un topic où tu as participé sans que le nouveau messages ai cité ton nom, mais je n'en suis pas certain.

        Et là ce que tu as eu, et ben mystère ! Soit à cause du split, oui, mais c'est aussi un truc qui arrive je crois quand ta session se déconnecte automatiquement, et dans ces cas-là, tant que tu n'as pas rafraichi la page, ça te fait des réactions bizarres (en notifications, ou en messages non lus). Bref, leur système est pas encore au point

          Tom Ouhla non, c'est juste moi qui suis taré...

          Je ne pose pas de diagnostic mais tu me fais bien marrer. Je suis certainement un peu hors des clous et je m'excuse pour ça. Cela dit j'imagine avec un certain amusement la tête du forum si on arrive à lui faire dépasser le cap de la centaine d'utilisateurs réguliers et que personne ne se décide à arracher la modération de tes doigts hyperactifs. Par curiosité, à quel public et quelle matière enseignais-tu ?

          • Tom a répondu à ça.

            Oh, en fait si on parle à moyen ou long terme, j'ai davantage envie que cet endroit existe (y compris pour en faire usage à l'occasion), que de le tenir et d'y participer en mode omniprésent. Mais on en est très trèèèès loin, et oui, pour l'instant je suis un peu obsédé sur comment gérer le bousin, en donnant libre cour à ma maniaquerie pathologique !


            Ardalion Par curiosité, à quel public et quelle matière enseignais-tu ?

            Histoire du cinéma et analyse filmique, à des post-bac (18-25 ans), dans une école de cinéma privée (dont on va taire le nom par prudence). Que du théorique, donc, de manière très libre et autodidacte, et avec une quasi-carte blanche.

            Et toi ? De l'histoire du ciné, j'imagine, vu que tu bossais sur le cinéma français muet, mais peut-être pas seulement ?

              Tom

              Tom Et toi ? De l'histoire du ciné, j'imagine, vu que tu bossais sur le cinéma français muet, mais peut-être pas seulement ?

              La partie théorique est très mineure dans mon service et si j'expliquais ce que je fais réellement je devrais mettre la prudence de côté (non pas que je sois connu mais l'entonnoir deviendrait très étroit). Pour en dire le moins possible j'encadre des projets de courts métrages dans un cadre universitaire à bac +3, ce qui me permet, à travers la pédagogie, d'avoir des activités de production, d'enseignement technique, et enfin, un peu de théorie. Dans cette dernière on retrouve des publics supplémentaires (bac +1, +2 et +3), avec lesquels je fais de l'analyse, de l'initiation au langage et à la technique du cinéma, et comme tu le sais déjà, de l'histoire du cinéma français. Comme toi, j'ai carte blanche sur l'ensemble de mon programme et quand bien même l'esthétique du cinéma constitue ma formation première, je n'ai jamais été très académique (petit reproche souriant à ma soutenance de recherche il y a plus de 10 ans). Je navigue donc comme je l'entends en bousculant un peu, parfois, le discours officiel. J'aime aussi la contre-histoire et je ne me prive pas d'en faire, d'où, et on y viendra sur ce forum, mon désir de raconter le parallèle populaire à l'avant-garde des années 20.

              4 mois plus tard

              Moi, j'ai toujours été nul sur la technique… Du coup, il m'arrive encore de sortir des galettes en classe et d'utiliser un lecteur dvd (tant que les ordi en ont un !), mais ce n'est pas des plus commodes. Sinon, merci Youtube sur lequel je télécharge les bons extraits trouvés… Je vais donc tenter Shutter Encoder, je vois qu'une version Linux existe, mais j'espère que cela reste intuitif. Je reviendrai dire, en tout cas merci pour la méthode.