CINÉMA CLASSIQUE PARLANT
Que poster ici ?
Si les débuts du cinéma classique parlant ne sont pas compliqués à identifier (le parlant se généralise autour de 1930, et l'immense majorité des films sonores de cette époque sont rattachables au classicisme), la fin de la période est beaucoup plus difficile à délimiter. Elle se termine progressivement au cours des années 60, dans une dégradation que cristallisent certaines productions emblématiques (comme le Cléopâtre de Mankiewicz). Mais ces films cohabitent aussi avec les premières expressions du cinéma moderne (à commencer par le néoréalisme), et ce dès les années 40...
Qu'il soit muet ou parlant, le cinéma classique, au delà des dates, se reconnaît donc d'abord à une esthétique, qui se définit à l'origine par son opposition aux tableaux uniques du cinéma primitif : montage articulatoire et variation des échelles de plans (à des fins d'immersion, d'identification et de sens), et forte tendance à la typification (notamment par le renforcement d'un système de genres). Il se reconnaît plus généralement par une forme qui ne désigne pas (ou peu) la mise en scène au travail (volonté de ne jamais briser l'immersion), et par des films où le monde élaboré a un sens, où le monde "fait sens". Plus prosaïquement encore, on peut définir le cinéma classique comme tout cinéma populaire et narratif précédant la césure des Nouvelles vagues...
Voici quelques exemples de périodes concernées pour le cinéma parlant :
Cinéma hollywoodien classique
L'âge d'or parlant d'Hollywood peut être découpé en plusieurs moments :
Hollywood précode : la généralisation du parlant (1930) coïncide avec l'instauration d'un code de censure (le code Hays), qui n'est cependant encore qu'indicatif. Entre 1930 et 1934 (date où le code devient obligatoire), un cinéma "précode" se met ainsi en place, qui connaît les interdits, qui ne les applique pas, et qui les nargue. Les films, inhabituellement violents, sexués et "immoraux", sont pris dans le feu croisé des chamboulement d'industrie liés au parlant (remplacement d'une partie des réalisateurs et comédiens, instauration du double-programme...), d'un contexte social désenchanté (crise de 29, criminalité des dernières années de la prohibition...), et investissent plusieurs genres nouveaux (le film de monstres Universal, le film de gangsters, le film de prison, les "sex films"...) qui n'existeront plus dans les années suivantes. La période met en avant des cinéastes comme Joseph von Sternberg, James Whale, Tod Browning, les Fleischer, William A. Wellman, le chorégraphe Busby Berkeley, ou encore les premiers films américains de Lubitsch...
Hollywood sous le code : c'est l'âge d'or Hollywoodien (celui de la "grande forme"), où sortent la plupart de ses grands classiques parlants, avec des cinéastes comme Capra, Curtiz, Donen, Dwan, Ford, Hawks, Hitchcock, Lang, Lubitsch, King, Mac Carey, Mann, Mankiewicz, Minnelli, Siodmak, Tourneur, Vidor, Walsh, Welles, Wilder... Les évolutions esthétiques ne s'arrêtent pas pour autant, mais la loi anti-trust (1948), puis la sortie de films sans l'approbation du comité de censure (1953 pour le premier d'entre eux) rendront ces changements d'autant plus visibles dès le milieu des années 50.
Hollywood tardif : Dans les années 50 et 60, l'esthétique classique Hollywoodienne montre des signes d’essoufflement (académisme, hypertrophie des moyens, esthétique décadente brillamment théorisée ici), que de nouveaux cinéastes tentent de contrer par proto-maniérisme, nouvelles méthodes de jeu naturalistes, jeux sur les genres, thématiques subversives, ou attaques de l'esthétique du code. C'est la grande période de cinéastes comme Aldrich, Fuller, Huston, Lupino, Kazan, Preminger, ou Sirk...
Cinémas classiques dans le reste du monde
L'esthétique classique est celle de la plupart des cinémas parlants internationaux jusqu'aux années 50 comprises. Certains pays se distinguent néanmoins particulièrement par la qualité ou l'importance de leur production :
Cinéma classique français : une première période (1930-1934 environ) marquée par les expérimentations du parlant naissant, et par l'hybridation du cinéma classique avec certains restes du cinéma d'avant-garde muet (René Clair, Jean Vigo...). Une seconde période (1935-1939 environ) dominée par la figure de Jean Renoir (et par d'autres cinéastes : Carné, Duvivier, Pagnol, Guitry...), mais aussi par un genre spécifiquement français : le "réalisme poétique". Une troisième période qui tourne sous la guerre (avec la "Continental", l'âge d'or de Grémillon, la révélation Clouzot...), et qui fera ensuite durer ses acquis jusqu'à la fin des années 50 (Ophüls, Becker, Cocteau, Clément), au risque de la "qualité française" (Christian-Jaque, Autant-Lara, Delannoy).
Cinéma classique japonais : commençant sa période parlante relativement tard dans les années 30, puis coupé en son milieu par la guerre, le parlant classique japonais se construit autour d'un incontournable quatuor de cinéastes : Yasujirō Ozu, Kenji Mizoguchi, Mikio Naruse, et plus tardivement Akira Kurosawa. On peut néanmoins y ajouter d'autres cinéastes importants comme Sadao Yamanaka, Hiroshi Shimizu, Tomu Uchida, Teinosuke Kinugasa, Keisuke Kinoshita, ou encore la première partie de carrière de Kon Ichikawa.
Cinéma classique anglais : comprend le Documentary Film Movement des années 30, Alfred Hithcock première période, Zoltan Korda, Michael Powell & Emeric Pressburger, les mélodrames de la Gainsborough Pictures, David Lean... Le cas Alexander Mackendrick, dont la carrière dépasse de la période classique, serait à discuter.
Cinéma classique indien : si le cinéma classique indien est très productif dès les années 30, son âge d'or classique se situe paradoxalement à la chute des studios, quand les cinéastes de films populaires deviennent leur propre producteurs, devant composer entre la liberté créatrice d'un director's cut inédit et la nécessité de faire des films rentables. Cette période est notamment dominée par quatre cinéastes : Raj Kapoor, Mehboob Khan, Guru Dutt, et Bimal Roy.
Cinéma classique mexicain : après une bataille pour s'arracher à la tutelle de l'industrie US, le cinéma mexicain voit ses genres se partager entre un pôle ranchero (films ruraux idéalistes) et un pôle urbain (plus désillusionné). Les mélodrames ranchero d'Emilio Fernandez dominent la période, qui ne s'y limite pas (on peut notamment citer Fernando de Fuentes qui pose les codes du ranchero, et les films noirs de Roberto Gavaldón).
Cinéma classique chinois : la période de la deuxième génération (1932-1949), entravée par la guerre sino-japonaise, est composée de films muets, semi-parlants et parlants (avec des cinéastes comme Sun Yu et Fei Mu), et se montre très engagée socialement. De la troisième génération (1949-1966), qui doit composer avec le devoir de propagande, se détache la figure de Xie Jin. La période classique se ferme avec la révolution culturelle.
Cinéma classique égyptien : le cinéma égyptien connaît un âge d'or dans les années 30 et 50 (avec notamment ses films chantés), et diffuse dans tout le monde arabe... Se distinguent les figures de Kamal Selim et Henry Barakat, parmi bien d'autres noms (Youssef Wahbi, Togo Mizrahi, Ezzel Dine Zulficar, Salah Abu Seif, Hassan Al Imam, Ahmed Badrakhan, Mohammed Karim… je connais peu la période, le retour d'un/e spécialiste sur ce point pour faire du tri serait bienvenu !).
Dans le reste du monde : quelque soit la qualité ou la profusion de la production, presque tous les cinémas parlants dans les années 30 et 40 (à quelques exceptions notables près, comme le néoréalisme italien) peuvent être considérés comme relevant du cinéma classique. C'est plus ambigu, en fonction des pays et des cinéastes, une fois arrivées les années 50. Parmi les cinéastes classiques notables dans les pays non encore cités, on peut citer Gustav Machatý (Tchécoslovaquie), Detlef Sierck et Leni Riefenshtal (Allemagne), Gustav Ucicky (Autriche), Valentin Vaala et Tuevo Tullio (Finlande), Alf Sjöberg (Suède), Alessandro Blasetti, Mario Camerini et Raffaello Matarazzo (Italie), Marc Donskoï (URSS), Lima Barreto (Brésil), Luis César Amadori et Hugo del Carril (Argentine)...
Cas ambigus
Les cas ambigus concernent les films semi-muets (pour le début de la période), et les films à la lisière du cinéma moderne (pour la fin de la période).
Les films muets ou semi-muets des années 30 : cela concerne notamment des films chinois, japonais, ou russes, où le passage au parlant a été tardif. Les films entièrement muets, ou majoritairement muets (même sonorisés), devraient plutôt aller dans le forum "cinéma muet", même s'ils sortent en 1936. Reste que le cas du cinéma chinois est particulier, en ce qu'il serait bizarre de découper les films de sa deuxième génération (qui débute tard, en 1932) en deux forums distincts... À discuter.
Les films d'avant-garde durant le cinéma classique. Pour les fins de comètes des courants esthétiques rattachés au muets, autant les garder avec leurs collègues, dans le forum "cinéma muet" (ils le restent d'ailleurs le plus souvent, muets). Les films de Maya Deren, dans les années 40, sont un cas différent : en ce qu'ils se lisent plutôt comme la préfiguration (le coup d'envoi précoce) du cinéma underground des années 60, ils auraient davantage leur place dans le forum "Autres cinémas d'après-guerre".
Cinéastes à cheval entre classicisme et modernité : Orson Welles est un cas d'école, en ce que ses premiers films peuvent être lus comme la première expression du cinéma moderne, mais aussi comme une étape majeure de la saga hollywoodienne et d'une forme classique qu'il a beaucoup influé. Ce réalisateur, par exemple, pourrait être convoqué dans les deux forums ("Cinéma classique parlant" et "Cinéma moderne"), selon ce à quoi on s'intéresse dans son cinéma... Idem pour un cinéaste comme Carl Theodor Dreyer, où la question dépend fortement des films (Vampyr relève plutôt de l'avant-garde, Jour de colère du cinéma classique, et Ordet du cinéma moderne). La filmographie d'un Samuel Fuller, autre exemple, semble elle très progressivement glisser d'un classicisme tumultueux (Le Port de la drogue) à une modernité plus franche (The Naked Kiss)... Bref, pour tous ces cinéastes, ne pas hésiter à découper les carrière et faire au cas par cas.
Premiers cinéastes modernes : Les cinéastes du courant néoréaliste (40'), ou la plupart des cinéastes modernes ou proto-modernes qui œuvrent dès les années 50 (premiers films de Bergman, Tati, Bresson, Melville, Kalatozov...), ont leur place dans le forum "Cinéma moderne".
Les derniers films tardifs des cinéastes classiques : Quand ils sont réalisés dans les années 60, ils ont toute leur place ici. Dans les années 70 (comme Dersou Ouzala, de Kurosawa) ou dans les années 80 (comme That's Life!, de Blake Edwards), cela est plus compliqué ; j'aurais tendance à mettre ces films dans les forums ultérieurs, mais ça reste à discuter.
Pensez à faire des topics spécifiques !
Si Cinestudia se développe, ce forum "Cinéma classique parlant" est amené à être décomposé en forums plus spécialisés, comme vous les voyez ci-dessus. Il faudra alors dispatcher les sujets qui y ont déjà été postés... Essayez donc, dans la mesure du possible, de créer des topics au sujet spécifique (par exemple : L'idéologie du Ranchero
plutôt que Le cinéma classique mexicain
...), et de bien renseigner l'étiquette du pays concerné.
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