Dans le cadre d'un module de formation technique, j'interviens pendant deux journées complètes sur la question des formats et de tout ce que ce mot peut recouper. J'ai en face de moi pendant ces deux jours un public plutôt varié, alliant des profils techniques (détenteurs de BTS TIEE/Image/Montage, physique/signal etc.) à des profils artistiques (théorie du cinéma, arts plastiques et de la scène, etc.). Ma mission est à la fois d'initier les novices aux enjeux techniques des définitions, codecs, modes de scan, ratios d'aspect, compression et tutti quanti et à la fois de creuser la question artistique en peignant les conséquences des choix techniques, qu'ils soient effectués par défaut ou non. Parfois, les choix techniques sont en réalité des choix artistiques, mais les choix artistiques deviennent toujours, in fine, des choix techniques.

J'essaie d'être aussi visuel que possible, d'avoir toujours derrière moi l'exemple le plus frappant de ce que j'essaie d'expliquer. Et je me suis rendu compte que si je n'étais pas particulièrement à l'aise sur la question de la compression, c'est surtout parce que je n'avais rien de très intéressant à montrer, rien qui ne se voie vraiment sur n'importe quelle TV, n'importe quel écran de projection que je peux rencontrer en salle de cours. La conséquence étant que je passe finalement là-dessus assez vite une fois expliquées les bases simples (chroma/luma, intra/inter, débit, etc.). Le seul extrait que je passe sur la question, c'est la deuxième partie de la vidéo de Tom Scott consacrée à l'encodage inter, et qui a l'avantage d'être très visuelle, courte et percutante.

Je suis donc en recherche de supports visuels sur cette question, qu'il s'agisse d'images fixes comme d'extraits de films ou de vidéos spécifiquement pédagogiques. J'aimerais par exemple évoquer toutes les maladies de la compression numérique actuelle : banding, interprétation des couleurs, suppression des textures et des peaux qui se transforment en latex mat et lisse, suppression du grain, création de pâtés de couleur à partir d'une mauvaise interprétation du grain ou en calculant une moyenne des informations colorimétriques/de texture, problèmes de contraste, création de gros carrés/blocs de compression, etc.

Si vous avez des sources et autres supports pour ça, je suis preneur, et je peux aussi partager les miennes pour ceux qui auraient une intervention similaire à effectuer. Si vous avez des axes d'étude concernant la compression numérique ou des idées qui permettraient un angle d'attaque artistique, je suis également à votre écoute. Je cherche à retourner ce cours pour qu'il soit beaucoup plus profitable, la moindre idée est donc bienvenue.

  • Tom a répondu à ça.

    Ardalion Je suis donc en recherche de supports visuels sur cette question, qu'il s'agisse d'images fixes comme d'extraits de films ou de vidéos spécifiquement pédagogiques. J'aimerais par exemple évoquer toutes les maladies de la compression numérique actuelle : banding, interprétation des couleurs, suppression des textures et des peaux qui se transforment en latex mat et lisse, suppression du grain, création de pâtés de couleur à partir d'une mauvaise interprétation du grain ou en calculant une moyenne des informations colorimétriques/de texture, problèmes de contraste, création de gros carrés/blocs de compression, etc.

    Là-dessus, si je devais m'y coller, j'imagine que je partirais à la recherche sur le net de 1080p à débit très bas (c'est vraiment pas ça qui manque), et que je trouverais des scènes qui en souffrent, et qui révèlent notamment la violence de la compression lors des arrêts sur images (ou en comparant le même arrêt sur image de deux sources, comme sur DVDbeaver). Tu peux aussi utiliser des outils juxtaposant les images et permettant un comparatif avec un slide (je l'avais fait ici, par exemple, pour comparer les qualités de compression de deux logiciels à bitrate égal, et y a moyen de trouver des différences bien plus spectaculaires). Ou encore en zoomant sur un visage en lecture pour y faire apparaître l'étendue des dégâts.

    L'idéal serait aussi peut-être de trouver un extrait (mais lequel ?) d'un film jouant énormément de la texture et du détail, et de passer d'abord sa version youtube ou trop compressée, puis ensuite de projeter l'extrait en qualité BD (à même définition, mais à débit plus haut) pour révéler ce qu'ils n'avaient pas vu de la scène initialement à cause de la compression. Mais autant je peux trouver des idées de films jouant avec les textures, autant trouver des scènes où c'est fondamental à leur bonne compréhension ou fonctionnement (qui fait qu'on pourrait vraiment les "redécouvrir"), ça va être plus dur. Là comme ça je vois pas quel film conviendrait, je vais y réfléchir...

    Ou encore, pour être pervers, comparer un DVD très bien compressé avec un fichier 1080p détruit par la compression, pour décorréler la logique automatique de "image de qualité = haute définition" qu'ils ont sûrement en tête...

    Enfin, une dernière solution serait d'étalonner, en direct, sous leurs yeux, une source très compressée. C'est un truc que j'ai vécu très directement, avec un moyen-métrage tourné il y a des années en HDV (compression Mpeg 2, donc), et qui fait apparaître un banding hardcore dès qu'on tire un peu sur la couleur ou le contraste de l'image (empêchant, de fait, un étalonnage très poussé). En jouant sur l'étalo d'un arrêt sur image sur ta timeline en direct, tu pourrais faire apparaître les défauts de la source mauvaise, puis montrer qu'ils n'apparaissent pas sur la source équivalente sans compression.

    Mais tout ça est peut-être difficile à voir sur n'importe quel écran (s'ils est petit et qu'ils sont loin, par exemple)...

    Enfin – mais alors là j'y connais rien donc je ne peux pas t'aider directement –, ça ne m'étonnerait vraiment pas qu'il y ait des films expérimentaux qui aient joué artistiquement de ces problèmes de compression (après, je ne sais pas si on peux en tirer une démonstration quelconque). Je n'ai qu'un exemple venu du cinéma traditionnel qui me vienne en tête (The Smell of us), mais pour l'expérimental je n'y connais rien. Mais si cette piste te semble prometteuse ou utile pour ton cours, je peux me renseigner auprès de quelques potes plus branchés expé !

    Il y a les films de Jacques Perconte, qui jouent pas mal avec ce qui peut naître de la compression/mauvaise compression.

    (j'ai intégré la deuxième vidéo)

    Oui, je pensais à ce genre de trucs ! C'est super d'avoir la source aussi. Il faudrait savoir quel type de codecs il utilise, et ce qu'il met comme réglage, il en parle peut-être en interview... Comme ça on dirait en tout cas un codec temporel qui a un problème avec ses images-clés (qui applique des déformations à une image clé manquante, ou trop longtemps restée la même), mais il applique peut-être des effets plus complexes (notamment par le fait que ça s'aggrave en avançant, et qu'il joue avec les couleurs pour faire tableau impressionniste j'imagine).

    Ce truc d'image-clés est pas mal visible sur celui-là aussi, vers 3mn notamment (j'explore, du coup) :

    21 jours plus tard

    PetarKuzmanovic Merci beaucoup pour cet exemple, que je vais très certainement intégrer à terme. Je me pose les mêmes questions que Tom, à savoir quel est son workflow et son processus de compositing étape par étape. J'imagine qu'il produit plusieurs versions de chaque plan à différents degrés de compression et qu'il les assemble ensuite mais il y a tout de même une manière de conserver du détail qui m'interroge. Il doit user des outils spécifiques (dans le style datamoshing) et je suis très curieux de savoir lesquels,