IrimiasLeMagicien Je te rejoins sur le quatrième mur, j'imagine une peur de casser le réel (qui amène à cacher ou en faire un autre monde), mais je crois aussi qu'il y a toujours eu un mépris pour l'animation et un manque de considération pour ce que l'animation peut apporter.
Le manque de considération ou le rejet de l'animation est un truc assez profondément ancré dans une certaine cinéphilie j'ai l'impression, et pas seulement par mépris (au sens d'un medium longtemps associé aux productions pour enfants), mais aussi parce que pour pas mal de cinéphiles, notamment plus vieux, l'essence du cinéma est la capture du réel (avec accidents, vie, imprévus, etc.). Pour eux, l'animation est donc hors-sujet, c'est l'exact opposé de tout ce qu'ils recherchent au cinéma (et de pourquoi ils aiment le cinéma).
Je me demande comment ils s'en sortent aujourd'hui avec le numérique, et leurs images retouchées/retrouchables à l'infini...
IrimiasLeMagicien Ce me rend curieux de voir Tout le monde aime Jeanne dont la réal a fait de l'animation (bien que là il semblerait qu'elle n'apparait que pour des images mentales)
Son court animé à en tout cas tourné absolument partout, et marchait plutôt bien, je serais curieux de voir ce que ça donne. Le Selick par contre est assez anodin.
Le cas d'école c'est son Avalon, mais avec une alternance réel / 3D, qui est peut-être déjà un peu autre chose (au sens où l'animation est la projection littérale de ce que les gens voient en jouant, si je me rappelle bien, donc pas de risque de mise à distance).
L'exemple de Miike marche étonnamment bien oui. Il m'évoque un peu (attention on chute dans les références) la fin de Mon Idole de Canet, qui pour représenter un truc irreprésentable, passait soudain à l'animation. De manière générale, j'ai l'impression que la mise à distance même de l'animation permet aussi ça, de signifier un changement de registre (le conte dans le dernier Harry Potter, le flash-back traumatique de O-Ren Ishii dans Kill Bill...)
Question transitions, il y a aussi les deux (les deux seules du film, mais très fortes) du Congrès de Folman.
Ton dernier extrait est surprenant (faire du filmé l'incise, et non l'inverse, au-delà du mélange à même l'image). Ça me fait penser aussi à quelques rares cas, au sein d'un film d'animation, où l'image filmée sert à représenter l'altérité totale : les humains du passé dans Wall-E (dont on voit les images télévisées réelles), ou encore les humains (appelés "aliens") qui arrivent tardivement dans Happy Feet :
Après je me demande si ça vient pas aussi d'une vieille tradition de l'animation, celle de la réticence à représenter les humains quand les animaux y sont anthropomorphisés (= à un autre degré d'abstraction) ; c'est pas rare de les voir sans visage dans certains Disney, par exemple.
Un autre nom que j'ai oublié, c'est Charley Bowers ! Un burlesque américain qui avait la particularité, au-delà de ses thèmes de prédilection (inventions désastreuses), de souvent insérer de l'animation au sein de ses films. Et il y a des choses assez intéressantes pour essayer de faire cohabiter animation et réel, notamment en "s'animant" lui-même image par image, mais dans une volonté que ce soit invisible (le tout en mélangeant ces plans animés avec d'autres filmés en vitesse réelle où les objets glissent, par exemple).
Par exemple ici dans Egged on (la scène qui commence à 16'50) :
Le côté rudimentaire du stop-motion rend la chose un peu théorique, cela dit.