Ça manquait d'un premier topic jeu vidéo – et l'actualité aidant... 😬
La rédaction de Gamekult, l'un des derniers grands sites de jeu vidéo en France (sérieux, intègre, payant, une référence dans un milieu en ruines) vient d'être éjectée de ses locaux.
Le site a été racheté par Reworld Media, société prédatrice connue pour racheter des médias, les vider de ses journalistes, et ne faire que du publi-reportage déguisé en profitant de la crédibilité du titre construit sur des années, dans une logique terre-brûlée de rentabilité à court-terme. Ils ont ainsi déjà transformé Science & Vie en torchon, sa rédaction s'étant barrée pour fonder un autre journal (Epsiloon).
Gamekult a récemment été racheté par Reworld Media (qui dit vouloir "réenchanter" le site), avec l'avenir sombre qu'on peut craindre. Du coup, la rédaction a fait savoir ce 17 novembre qu'elle démissionnait quasi-intégralement (partent les neuf journalistes en CDI dont le rédacteur en chef, et dix-sept des dix-neuf pigistes) :
Une émission sur leur site (présente pour encore combien de temps ?) prenait aussi le temps de l'expliquer.
Sauf que Reworld, peut-être échaudé par leur annonce, n'a pas voulu attendre leur départ le 7 décembre pour les virer des locaux et les déposséder de leur journal... C'est Libé qui communique la nouvelle aujourd'hui :
Les fausses politesses ne durent qu’un temps. Quatre jours après avoir annoncé le départ de la quasi-intégralité de la rédaction de Gamekult, après leur reprise par Reworld, les journalistes de cet emblème de la presse vidéoludique ont été prié par leur nouveau propriétaire, lundi soir, de quitter précipitamment les lieux. Toute personne ayant fait valoir sa clause de cession devant interrompre son travail et ne plus remettre le nez dans les locaux sans attendre la fin d’un préavis qui courait jusqu’au 7 décembre. Des journalistes KO debout, chargés de faire leur carton en vitesse, «à l’américaine». La scène n’est pas passée inaperçue dans les rédactions voisines. Conséquence directe de cette «dispense d’activité» : la rédaction se voit privée de l’enregistrement de sa dernière émission, rendez-vous majeur du site et canal par lequel ils comptaient faire leurs adieux aux lecteurs. Un deuil empêché. Ultime crachat de Reworld et des Néron du brand content qui, en quelques années, ont incendié un journalisme web qui disparaît dans l’indifférence d’une industrie du jeu vidéo florissante.
Bref, le net du jeu vidéo français est actuellement en feu, mais la vaste majorité des internautes, qui ne suit pas ces affaires de près, continuera à aller sur gamekult sans savoir ce qui s'y passe.
C'est plus généralement un jalon de plus dans la situation agonisante de la presse JV en France, dont les médias crédibles se résument désormais uniquement à deux titres (tous deux papiers et payants) : Canard PC (qui a récemment dû se séparer d'une partie de son équipe, n'arrivant pas à tenir les comptes en équilibre), et JV Magazine (que j'ai jamais essayé).